N.B. : Ces réflexions sont faites pour pouvoir être utilisées, numéro par numéro, en réunions de communauté, CCB, de mouvements ou autres groupes. Et aussi en famille ou même personnellement.Si vous n’avez pas le temps de tout prendre, vous prenez les derniers numéros.

Le mercredi des Cendres, nous sommes entrés dans le Carême. En faisant le signe de la croix sur notre front avec les cendres, le prêtre nous a dit : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ». Le Seigneur nous appelle donc à changer notre cœur et notre vie. Et à mettre vraiment en pratique l’Evangile, chacun personnellement, en famille, en communauté et avec tous ceux qui nous entourent, chrétiens ou non.

Le Carême, c’est la marche vers Pâques : la fête de Jésus ressuscité. Pendant le Carême, nous cherchons à vivre une vie nouvelle, la vie des enfants de Dieu, comme Jésus nous l’a montré. Pour que, à Pâques, nous soyons vraiment devenus des hommes et des femmes nouveaux, pour ensemble construire « une terre nouvelle où la justice habitera » (2° Pierre 3,13). Ensemble, avec tout notre peuple, pour que « Son règne vienne et que Sa volonté soit faite sur la terre.. »

1°) L’homme, route de l’Eglise

Pendant ce Carême, nous sommes appelés ensemble, prêtres et laïcs, à devenir davantage amis de nos frères et de nos sœurs. Surtout de ceux qui souffrent et qui ont besoin de nous. Et pour accueillir ceux qui sont seuls et qui pleurent. C’est cela notre travail de chrétiens. Comme le disait le pape Jean Paul 2 dans sa lettre le Rédempteur de l’homme : » Le Christ s’est fait homme. Il s’est uni à tous les hommes, dans toute leur vie. C’est pourquoi, l’homme est le chemin de l’Eglise. C’est en allant vers l’homme quel qu’il soit et en l’accueillant, que nous pouvons aller vers Dieu et vivre avec Lui. Notre amour pour Dieu est obligatoirement un amour pour tous ceux qui souffrent, quelle que soit leur langue ou leur religion. Car Jésus est mort pour tous les hommes. Ce sont tous les hommes qui sont sauvés par Jésus. »

Questions :

1.Est-ce que nous cherchons à connaître les difficultés de nos frères et sœurs ? Quelles sont leurs principales souffrances ? Que faisons-nous pour eux ?

2.Comment devenir amis de ceux qui nous entourent, à la suite de Jésus ?

3.Comment encourager ceux qui sont autour de nous à aider, eux aussi, ceux qui souffrent ?

2°) A la lumière de la Parole de Dieu : La guérison du paralysé (Jean 5,1-18)

Pendant tout ce Carême, nous regardons Jésus. Nous essayons de vivre comme Lui. Pour cela, nous nous appuyons sur la Parole de Dieu, que nous partageons en famille et en CCB. Cette année, nous pouvons regarder par exemple comment Jésus a guéri un homme, paralysé depuis 38 ans, à la piscine de Betsada. Il lui dit : »Lève-toi et marche ». Nous lisons ensemble cet Evangile. Puis nous nous demandons :

1.Que nous dit cet Evangile ?

2.Qu’est-ce qu’il nous montre sur Jésus ?

3.Quelle est la Bonne Nouvelle de cet Evangile qui nous donne Joie et Courage ?

4.Que faire pour mettre nous-mêmes cet Evangile en pratique ?

Nous allons reprendre maintenant quelques passages pour mieux les comprendre.

3°) Jésus monte à Jérusalem (verset 1).

Jérusalem, c’est là que Jésus est mort et Ressuscité. C’est là que les apôtres reçoivent l’Esprit Saint (Actes 2). C’est de Jérusalem que les apôtres partent, pour être les témoins de Jésus jusqu’au bout du monde (Actes 1,8)

Qu’est-ce que cela veut dire pour nous ? – Pendant ce temps de Carême, qu’allons-nous faire pour mieux connaître Jésus ? Et pour vivre davantage notre vie avec Lui ? Comment allons-nous nous laisser conduire par l’Esprit Saint ? Que faire pour ressusciter avec Jésus à une vie nouvelle ? Comment être témoins de Jésus là où nous vivons ?

Qu’est-ce que cela nous demande par rapport à nos frères ? Jésus monte à Jérusalem. Cela veut dire qu’il se met debout et qu’il marche. Pendant ce temps de Carême, comment allons-nous mettre nos frères et nos sœurs debout, pour qu’ils grandissent ? Comment allons-nous les aider à marcher et à avancer dans la vie ?

4°) Jésus vient dans une piscine où il y a beaucoup de malades (v. 2-3)

Jésus ne reste pas assis dans sa maison. Il n’attend pas que les malades viennent à Lui. C’est Lui qui va vers ceux qui souffrent

Et nous ? Est-ce que nous nous levons pour aller à la rencontre de nos frères qui souffrent ? Ou bien, est-ce que nous n’attendons qu’ils viennent nous demander de les aider ? Vers qui allons-nous ? Vers nos parents et amis ? Vers ceux qui parlent notre langue ? Vers les gens de notre religion ? Ou bien vers tout le monde ?

Avec les autres ?Comment allons-nous aider ceux qui nous entourent, à aller vers les malades et ceux qui souffrent ?

5°) La vraie eau qui guérit (v. 4)

Le premier malade qui entrait dans l’eau quand elle commençait à bouger, il était guéri ». Dans la Bible, on nous parle très souvent de l’eau qui guérit et qui sauve. Par exemple, quand le peuple hébreu traverse la Mer Rouge : il est sauvé de l’esclavage, Dieu fait une Alliance d’amour avec lui et il le fait entrer dans une terre nouvelle. Et Dieu donne de l’eau à boire à son peuple dans le désert (Exode) Jésus Lui-même a été baptisé dans l’eau (Mat 4,13). Il a donné la joie au mariage de Cana en changeant l’eau en vin (Jean 2). Il dit à la samaritaine (Jean 4,14) : » Je vous donnerai l’eau qui jaillira jusqu’à la vie éternelle ».

Le paralysé espérait être sauvé de sa maladie par l’eau magique de la piscine. Mais cette eau là ne l’a pas guéri. C’est Jésus qui l’a guéri. Aujourd’hui encore, beaucoup de gens pensent être guéris par l’eau magique des féticheurs. Ils comptent sur les marabouts et les charlatans pour avoir le bonheur. Mais c’est Jésus qui nous sauve. C’est lui qui vient remplir la soif de notre cœur.

Nous-mêmes ? Avons-nous soif de Jésus ? En qui mettons-nous notre confiance ? Pour être guéris et heureux, comptons-nous vraiment sur l’Esprit Saint, la Parole de Dieu, la prière, les sacrements et la communauté chrétienne ? Et si nos parents nous disent d’aller chez un féticheur ou un marabout, par exemple si notre enfant est malade, qu’allons-nous faire ? Pourquoi ?

Avec les autres ?Comment aider nos frères et nos sœurs à laisser les affaires de féticheurs, de sorcellerie et de maraboutage ? Quelles sont les autres choses magiques qui attirent encore ceux qui nous entourent ? Dans quels faux dieux (idoles) espèrent-ils ? Après quelles choses inutiles courent-ils pour être heureux ? Quelles sont les choses qui rendent les hommes esclaves : l’argent, la soif de pouvoir, etc… ? Comment libérer nos frères de tout cela ?

6°) Jésus voit le paralysé couché (v. 6)

Ce n’est pas le paralysé qui a appelé Jésus, c’est Jésus Lui-même qui l’a vu. Et il lui demande : « Veux-tu être guéri ? Le paralysé répond : »Seigneur, je n’ai personne pour me mettre dans la piscine, quand l’eau commence à bouger »

Le paralysé est seul. Personne ne lui parle. Beaucoup de nos frères et sœurs sont seuls. Pour les aider, il ne suffit pas de leur donner des habits ou de la nourriture. La 1° chose dont ils ont besoin, c’est d’amitié. Pour ne plus être seuls. Pour avoir la paix dans leur cœur et retrouver la joie de vivre

Jésus voit l’homme couché. Il s’intéresse à lui. Il comprend ses besoins et à sa situation. Il s’approche de lui et il l’interroge. Il lui offre son aide. Il prend soin de lui et il le guérit. Et plus que cela, il lui rend sa dignité. Il le rend libre. Il n’est plus un mendiant. C’est pourquoi, il est important non seulement d’aller visiter les gens qui ont des problèmes, mais aussi de les rassembler. Car quand ils sont réunis, ils sont plus forts. Et ensemble, ils peuvent trouver des solutions à leurs problèmes

Et nous ? Souvent nous attendons que les gens nous appellent au secours. Mais parfois ils ont honte ou ils ont peur. Pour aider nos frères, est-ce que nous cherchons à connaître leurs souffrances ? Que faisons-nous pour les aider ?

Avec les autres ? Il ne s’agit pas seulement d’aider nous-mêmes les gens. Notre rôle c’est aussi de pousser ceux qui nous entourent à se lever pour aller aider les autres, qu’ils soient chrétiens ou non. Et de les former pour cela. Comment faire ?

7°) Jésus demande au paralysé : Veux-tu guérir ? (v. 6)

Tout le monde veut guérir. Alors pourquoi Jésus lui pose-t-il cette question ? C’est pour savoir si l’homme est vraiment décidé à changer de vie. Pour ne pas toujours attendre que les autres lui fasse l’aumône. Et que lui, reste couché toute la journée, à ne rien faire. Jésus veut lui rendre sa dignité. Jésus lui donne la possibilité de commencer une vie nouvelle. Qu’il décide des choses par lui-même et qu’il prenne ses responsabilités. Sinon, il restera un mendiant et un assisté toute sa vie. Il ne sera jamais un homme libre, adulte et responsable.

Et nous ? Sommes-nous vraiment décidés à vivre en chrétiens ? Est-ce que nous nous conduisons comme des personnes libres et libérées par le Christ ? Ou bien, est-ce que nous nous laissons conduire par les évènements de la vie, par ceux qui nous entourent, par la mode et l’ambiance, ou ce qu’on dit à la radio ou à la télévision ? Comment prendre nos responsabilités dans notre famille, notre CCB, notre lieu de travail et notre quartier ?

Avec les autres :Souvent, nous voulons aider les pauvres. Mais nous ne les écoutons pas. Pourtant eux aussi ils ont des bonnes idées. Nous ne cherchons pas à savoir ce qu’ils veulent faire par eux-mêmes, pour les soutenir dans leurs propres actions. Nous venons avec nos propres solutions, qui ne sont pas les leurs. Pourtant, ce sont eux qui connaissent les mieux leurs problèmes. Et donc qui peuvent trouver les meilleures solutions. Comment donner aux pauvres et à ceux qui souffrent la volonté de réagir et de lutter par eux-mêmes ? Comment les aider à trouver eux-mêmes des solutions à leurs problèmes ? Comment les soutenir pour cela ?

8°) Jésus dit au paralysé : « Lève-toi, prends ta natte et marche » (v. 8).

Saint Irénée disait : « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». Dieu veut que nous soyons des hommes et des femmes debout. C'est-à-dire courageux et décidés à agir. Que nous prenions nous-mêmes nos problèmes en main. Comme le paralysé a pris sa natte et a commencé à marcher. Sans toujours attendre l’aide de l’extérieur ou d’autres personnes (les sponsors et les bienfaiteurs). C’est l’auto prise en charge qu’on nous demande sans cesse, et que nous avons tellement de peine à mettre en pratique. Que ce soit pour la vie du diocèse et de nos paroisses ou pour nos projets de développement. Jésus veut que nous marchions, c'est-à-dire que nous avancions sur la route de la vie. Pour nous développer et grandir ensemble. C’est aussi cela la promotion humaine

Quand le paralysé se lève, il montre qu’il est ressuscité : il a commencé une vie nouvelle. Ce ne sont pas seulement ses jambes qui marchent : son esprit est guéri. Et aussi son coeur. Il est libéré du péché et de tout ce qui le tenait prisonnier : les coutumes, les traditions, les interdits. C’est la parole de Dieu qui nous libère. C’est le Saint Esprit qui nous fait marcher tous ensemble, en communauté chrétienne et avec tous nos frères. Comme disait Jésus : Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique ».

Et nous ? Comment être des hommes debout, qui prennent leurs problèmes en mains et qui avancent sur le chemin de la vie ? Comment nous développer dans toute notre personne : notre corps (pour être en bonne santé, afin de mieux servir les autres), notre esprit (pour savoir réfléchir et développer nos connaissances), notre cœur (pour mieux aimer), notre âme (pour mieux vivre notre foi) ? Comment nous libérer des coutumes et des interdits qui nous empêchent d’avancer ? Comment prendre en charge notre Eglise et notre paroisse ?

Pour les autres :Comment aider nos frères et nos sœurs à grandir dans toute leur personne (développement intégral et promotion humaine) ?Comment les aider à se mettre en route et à passer à l’action ? Comment faire avancer notre pays tout entier ? De quoi nos frères et nos sœurs ont-ils besoin pour être sauvés ? Et notre pays ? Quels sont les désirs de leur cœur ? Comment les remplir ? En particulier pour les jeunes, les femmes et les pauvres de notre société ? Quelle est la parole d’espérance qui sauve, que nous pouvons pro poser à ceux qui nous entourent ? Et à notre pays tout entier ?

9°) Jésus dit au paralysé : »Voici que tu es guéri. Ne pèche plus » v.14

Le temps du Carême, c’est le temps de la charité, pour mieux aimer nos frères et sœurs, pour aider les pauvres et soutenir tous ceux qui souffrent. Mais c’est aussi le temps de la conversion. Le temps où Jésus veut guérir nos peurs et nous libérer du péché et de tout mal.

Pour nous :Nous sommes tous paralysés. Peut-être pas dans notre corps, mais dans notre cœur. C’est Jésus qui peut nous sauver. Que chacun réfléchisse personnellement, pour voir ce qu’il doit changer dans sa vie. Et d’abord, comment changer son cœur, et les idées qui ne sont pas les idées de Dieu. Nous prenons aussi un temps pour nous asseoir en famille et en CCB, pour voir ce qui ne va pas et pour changer. Et aussi pour nous demander pardon et nous réconcilier.

Avec les autres : Comment aider ceux qui nous entourent à changer leur vie, pendant ce temps de Carême ? Comment les aider à se réconcilier ?

10°) Les juifs disent au paralysé : « C’est le jour du sabbat. Tu n’as pas le droit de porter ta natte » v. 10.

Et ils poursuivent Jésus, parce qu’il a guéri le paralysé un jour de sabbat v.16. Jésus a expliqué : c’est le sabbat qui est pour l’homme. Et pas l’homme qui est pour le sabbat. Aujourd’hui encore, il y a des gens qui mettent sur le dos de leurs frères, des poids qu’ils ne peuvent pas porter. Ils les écrasent avec des tas de règlements. Ils les empêchent de vivre avec leurs interdits. Alors que Jésus est justement venu pour nous libérer. De plus, souvent, ils méprisent les pauvres. Ils attaquent les infirmes et les mendiants, au lieu de les soutenir. C’est à cause de cela que Jésus a traité les pharisiens de « race de vipères ».

Et nous ? Quelles sont les choses qui écrasent les pauvres aujourd’hui ? Quelles sont les poids que l’on met sur le dos des handicapés, des mendiants et de tous ceux qui ont des problèmes ou ne sont pas « comme les autres » : les étrangers et les réfugiés, les enfants de la rue, les enfants travailleurs et ceux qui font des petits métiers, les veuves et les orphelins, les « fous », ceux qui vivent avec les SIDA ? Est-ce que nous traitons les prostituées, les drogués et les voleurs comme Jésus a traité Marie Madeleine et Zachée ? Qu’est-ce que Jésus nous demande de faire aujourd’hui, pour tous ceux qui ne sont pas respectés et qui sont traités injustement ?

Avec les autres : Comment nous mettre ensemble pour lutter contre les injustices, autour de nous ? Comment enlever le poids qui écrase nos frères et nos sœurs ? Comment leur rendre la paix, la joie et la liberté ? Comment leur permettre de vivre mieux, avec leur famille ?

11°) Jésus dit : « Mon Père agit jusqu’à maintenant. Moi aussi, j’agis » v. 17.

Aujourd’hui encore, dans nos quartiers et dans nos villages, il y a beaucoup de gens paralysés dans leur cœur et dans leur vie. A cause de la souffrance et du manque d’éducation et de formation. A cause des mauvaises coutumes et des faux espoirs. A cause des grands discours et des mensonges des grands. A cause de la méchanceté des hommes et de la pauvreté. A cause de la faim et de la maladie. Ils veulent être guéris. Ils nous attendent. Notre foi en Dieu et notre amour pour eux, peuvent leur donner l’espoir et la force de se relever.

Nous-mêmes : Qu’allons-nous faire pour nous mettre debout ? Et pour laisser tout ce qui nous empêche de vivre en hommes et en femmes, libérés par Jésus ? Comment agir avec Dieu note Père, en nous appuyant sur le Saint Esprit, et non pas sur nos propres forces ? En nous appuyant sur la Parole de Jésus, et non pas sur nos belles idées ? (Jésus disait : Le Fils ne peut rien faire de Lui-même…mais tout ce que le Père fait, le Fils le fait aussi, v.19)

Avec les autres ? Comment les aider à se mettre eux aussi à l’action ? Comment agir tous ensemble, pour diminuer les souffrances de nos frères ? Pour changer notre société ? Pour devenir un peuple de frères, dans l’amitié ? Et pour construire ensemble un pays plus heureux ?

Conclusion

Jésus disait : «le Père aime le Fils… Il ressuscite les morts et donne la vie…le Père ne juge personne…celui qui écoute ma Parole et qui croit dans le Père,…il est passé de la mort à la vie » (v. 20 à 24)

Que ce Carême nous fasse entrer dans l’amour du Père avec Jésus, qu’il nous ressuscite à une vie nouvelle, qu’il nous fasse grandir dans la foi pour mettre en pratique sa Parole, qu’il nous fasse vivre dans l’amitié avec tous, sans juger personne. Mais au contraire en soutenant les faibles, en relevant ceux qui sont tombés et en marchant avec les pauvres et les petits. Amen !