Rapport de la rencontre diocésaine de relance de l'O.C.P.H
Par Bernard le samedi, juillet 23 2011, 08:42 - Lien permanent
Journée de la pastorale sociale, avec les prêtres, le 13 Janvier 2011
La rencontre a commencé par une prière à partir de la Parole de Dieu, qui a été partagée pas les participants : La multiplication des pains (Luc 9,10-17) où Jésus dit à ses apôtres : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Nous avons noté que Jésus ne se contente pas de multiplier les pains, Il commence par prier longuement, il accueille les foules, il leur parle du Royaume de Dieu, il guérit tous ceux qui en ont besoin. Jésus n’agit pas seul, mais avec l’équipe des apôtres. Il ne fait pas descendre le pain du ciel : c’est un petit enfant qui fournit les 5 pains et les 2 poissons que Jésus multiplie (Jean 6,9). La prière s’est terminée par des intentions libres, le Notre Père et un chant
Suite à la fermeture des activités de l’OCPH en 2008, la pastorale sociale a depuis, pris le relais pour continuer la vocation humanitaire de l’Eglise. Les œuvres charitables, restent un des piliers de l’Eglise dont les acteurs doivent être des bons samaritains pour secourir, à travers les nombreuses routes de nos villes, des hommes à demi morts. Cette pratique demande l’implication des laïcs et du clergé. Car la mission de l’Eglise est de travailler pour le développement de l’homme. La lutte contre la pauvreté demande la participation de tous musulmans et chrétiens, la planification des activités à partir de la base et l’appui financier.
Apres l’échec des premières activités de l’OCPH qui a conduit à l’éloignement des bailleurs de fond, il est donc question de faire une révision des manières de travailler, afin de redynamiser cette organisation de façon responsable et crédible.
C’est le but de cette journée diocésaine avec les prêtres pour redéfinir la vision, la mission, les objectifs, les valeurs et les conditions de fonctionnement de l’OCPH (organisation catholique pour la promotion humaine). Et de répondre aux questions: Quelle formation faut-il donner ? Comment sensibiliser pour une meilleure participation des fidèles à la base ? Quelles sont les activités de charité à mener ?
Les orientations de Monseigneur Vincent Coulibaly. En octobre 2.008, Monseigneur Vincent Coulibaly a réactivité la commission de pastorale sociale, avec comme responsabilité de remettre en place une véritable action de promotion humaine et de développement intégral de tout l’homme et de tous les hommes, dans toutes ses dimensions économiques, sociales, culturelles et spirituelles (corps, cœur, esprit et âme). Pour que l’OCPH ne soit pas une simple ONG humanitaire mais l’action de l’Eglise pour les pauvres et le développement, basée sur la foi et la Parole de Dieu et manifestant l’amour du Christ lui-même pour les hommes. La commission diocésaine est appelée à animer dans chaque paroisse une commission paroissiale mise en place par le curé et le conseil paroissial, pour remédier au manque d’implication des prêtres et de la paroisse dans le passé. Bien sûr, il faut assurer la formation nécessaire pour cela et mobiliser toute la paroisse dans ce sens, pour que tous les chrétiens se mettent à l’action là où ils vivent, en union avec les autres personnes de bonne volonté. Car ce sont tous les chrétiens qui doivent être charitables, pas seulement les membres de la commission !
Le but est que les problèmes de pauvreté et de sous-développement soient analysés par les personnes concernées elles-mêmes et que les projets pour répondre à ces besoins viennent de la base. Dans la volonté de répondre à la nécessité absolue de l’auto prise en charge demandée pour notre Eglise. Ces projets devront être menés par les commissions paroissiales elles-mêmes, à partir des moyens qu’elles pourront mobiliser. L’OCPH devient alors le bras technique pour préciser les projets, chercher les moyens financiers supplémentaires si nécessaire, assurer le bon fonctionnement des projets et en faire l’évaluation. Les projets ne seront donc plus élaborés dans un bureau mais sur le terrain. Il n’est donc plus question de venir au bureau de l’OCPH avec une demande de financement, sans n’avoir d’abord rien fait à la base. Et l’on veillera tout spécialement à la transparence et au sérieux dans la gestion de l’argent
Dans ces conditions, les prêtres ont évidemment un rôle essentiel d’animateur qui fait partie de leur travail pastoral et qui n’est pas facultatif. C’est pour cela que la 1ère session de réflexion s’est adressée à eux. Elle sera suivie d’autres sessions pour les religieux/ses et les laïcs toujours au collège de la Salle à Kaloum, le samedi 22 janvier de 8h30 à 17 h. Les vingt six participants ont été repartis en trois groupes de réflexion. Dans les mises en commun, il a été apporté par thème, les propositions suivantes :
La vision : Dans la doctrine de l’Eglise, l’OCPH reste serviteur du développement de l’Homme, dans le sens du sacrement(signe) de la présence du Christ et des chrétiens, au milieu des hommes qui souffrent. Dans la vision globale, il faudra
- tenir compte des réalisations qui existent déjà et des actions menées par exemple par les sœurs de la charité, Sant Egidio, les scouts, la Légion de Marie…
- partir de l’Evangile, qu’il soit expliqué, et des valeurs évangéliques de la charité ; - l’OCPH doit répondre aux exigences des partenaires et du diocèse,
- comprendre les raisons du départ des Caritas étrangères et la rupture de toute autres aides extérieures ; elle doit avoir des critères correspondant au programme d’activité du diocèse
- réfléchir sur les projets attractifs qui cadrent bien avec la mission de l’Eglise ; s’appuyer sur la formation
- encourager l’auto-prise en charge, tout en acceptant le suivi et l’évaluation des activités, afin de rompre avec les mauvaises pratiques : question de transparence
- informer les agents pastoraux sur les activités évoluant sur le terrain
- les projets doivent partir de la base et aller dans le sens de l’Evangile : on ne peut pas évangéliser sans la charité
- travailler avec les organisations qui existent déjà et profiter de leurs expériences.
La mission : L’OCPH doit être un service de l’Eglise pour l’homme. La mission de l’OCPH s’articule autour d’un certain nombre de points dont entre autres :
- le soutien des œuvres caritatives de la paroisse
- la création d’emplois
- la formation d’acteurs compétents
- Les conseils de la commission et de l’OCPH pendant l’exécution des projets,
- soutenir la catéchèse continue et les formations sur la doctrine sociale de l’Eglise
- présenter les projets comme signes de la Charité du Christ, agir comme des serviteurs de nos frères selon l’Evangile et travailler ensemble, à l’exemple de la 1° communauté chrétienne : l’OCPH n’est pas un simple distributeur de nourriture comme le Pam : il cherche une promotion humaine totale et universelle
- établir des règles : un agent de l’OCPH ne doit pas faire n’importe quoi.
- suivre les priorités diocésaines et faire connaître les projets retenus, pour informer les autres fidèles du diocèse
- faire un suivi-évaluation des projets en cours, afin que justice et clarté soient présentes tout le long de la réalisation. La fin de l’échéance devrait être sanctionnée par un rapport écrit ; - l’organisation des activités (chronogramme annuel, règlements sur le fonctionnement de l’OCPH)
- tenir compte des propositions de cette journée.
- classer les projets selon la durée (court ou long terme).
- travailler en lien avec les autres organisations de l’Eglise : se donner des idées et agir ensemble sur le terrain, en particulier avec la commission justice et paix « la mission n’est pas spécifiée par le fait qu’on est envoyé, mais à partir des problèmes du terrain et des demandes des gens qui vivent les problèmes. Il faut donc une formation pour apprendre à connaître les réalités et construire un projet à partir de ces réalités »
NB : Comme on peut le voir, les 2 groupes n’ont pas vraiment défini la vision de la pastorale sociale ni la mission de l’OCPH. Il faudra donc y revenir. Par contre, ils ont présenté des choses intéressantes sur la façon de travailler, dont il faudra obligatoirement tenir compte.
Les valeurs et principes : L’OCPH pour être efficace et mener à bien sa mission globale, a besoin de s’appuyer sur des valeurs des principes qui sont entre autres :
- la doctrine sociale de l’Eglise ;
- l’Evangile : mettre en relief le Christ proche de l’Homme, médecin du corps et de l’âme ;
- la promotion de l’Homme (les garderies, l’alphabétisation des adultes, les banques de céréales, les centres de formation professionnelle, les dispensaires, etc..) ;
- tenir compte des valeurs traditionnelles dans la conduite des activités de l’OCPH (le partage, la solidarité, la justice et l’honnêteté) : que personne n’utilise l’Eglise pour des fins lucratives ;
- le respect des principes et des lois du pays, pour ne pas entrer en conflit (travailler avec les ministères de tutelle et contacter les autorités du quartier)
- le dialogue inter: religieux : parler avec les imams pour qu’ils comprennent notre action et que tous puissent y participer. Et ensemble construire le Royaume de Dieu
- l’honnêteté et la vérité, la justice : ne pas recruter par favoritisme, sentimentalisme ou népotisme
NB :
1.Dans le débat, nous avons écouté un témoignage sur la banque de céréales (alimentaire) de kataco qui nous montre bien les difficultés du travail. Et la nécessité de formation sérieuse, d’engagement communautaire et de contrôles du travail. Sinon, on manque le but cherché et on arrive aux détournements et à l’exploitation des plus pauvres.
2.Nous avons noté fortement l’importance des relations avec les autorités et les organisations d’état (ministère de l’action sociale, de la femme et de l’enfant, de la justice, de la santé, de l’éducation nationale.. : Nous devons travailler avec elles tout en sachant que malheureusement, souvent elles ne font pas leur travail. Raison de plus pour les aider à devenir plus sérieuses que ce soit au niveau de l’argent ou au niveau du travail, et plus efficaces : c’est un service à rendre à tout le pays et aux plus petits de la société.
3.De même, il faut contacter les autorités communales et respecter les lois pour toutes les constructions : écoles, dispensaires, jardins d’enfants, etc…Cela pose tout le problème de l’engagement des laïcs chrétiens dans la société. Nous sommes trop enfermés dans notre Eglise. Nous ne sommes pas le sel de la terre, ni la lumière du monde (MAT 5,13). Jésus nous appelle à être le levain dans la pâte.
4.Autre problème : trop de chrétiens veulent profiter de leur position dans l’Eglise pour en tirer des avantages au niveau économique ou politique, au lieu de voir leur engagement comme un service et une possiblité pour évangéliser et construire le Royaume de Dieu, en se mettant au service de leurs frères. Nous avons fortement souligné qu’il est absolument nécessaire de conscientiser et de travailler avec les musulmans, pour ensemble faire ce que Dieu attend de nous. Pour cela, ne pas venir en parlant de Jésus et de l’Evangile, mais en partant de leurs propres valeurs : Dieu est le compatissant et le miséricordieux, l’aumône et la zakat, le Ramadan, la prière et l’importance de faire la volonté de Dieu .. Ensuite, dans l’action commune, nous pourrons partager les raisons qui nous font agir et ils pourront alors découvrir le Christ et son message d’amour. Cela suppose donc que la pastorale sociale et l’OCPH travaillent avec la commission pour les relations avec les musulmans, aussi bien dans la formation que dans l’action. La base de notre action c’est le service de l’homme. Nous sommes ensemble pour libérer nos frères de la pauvreté. Privilégier le « sacrement de la présence » et la collaboration d’homme à homme. A partir de là, musulmans et chrétiens pourront partager leurs motivations et leur foi : l’important c’est le dialogue de vie et d’action, pas les discussions sur la religion.
Quelle formation faut-il donner ? En tout exercice, l’homme a besoin de formation spirituelle, morale et technique. Les agents pastoraux sont chargés de montrer la valeur spirituelle et des actions caritatives et de former à la foi et à la charité dans leur enseignement quotidien (ressortir le thème de l’année : Evangélisation et promotion humaine…).
- Pour les musulmans, parler de la miséricorde divine, la compassion de Dieu envers l’homme, créature sacrée de Dieu, qui protège les pauvres, tout en évitant de tomber dans le syncrétisme.
- Partir aussi des valeurs traditionnelles communautaires, d’accueil de l’étranger et de partage avec les pauvres.
- La formation humaine cherchera à former des agents sérieux, engagés, sensibles à la souffrance de leurs frères, persévérants et courageux, compétents et responsables, capables des mettre les hommes et les femmes debout
- La formation technique consistera à améliorer les compétences et les qualités humaines (efficacité, honnêteté, transparence…) la bonne volonté ne suffit pas
Comment sensibiliser ? A cette question, il a été retenu les points suivants :
- l’Evangélisation à la base : une formation paroissiale efficace (une bonne homélie désarme les cœurs, renforce la spiritualité et l’apport matériel et économique trouve bon usage) ;
- relancer et soutenir les récollections dans les paroisses et encourager les chrétiens à participer aux rencontres et aux sessions de formation ;
- le dialogue avec les autres croyants et une collaboration franche avec les Imams : pourquoi ne pas mener des actions communes ? Développer les relations par un travail en commun : cela peut commencer par le simple partage d’un repas. Les relations de confiance doivent être entretenues, pour mettre de l’harmonie dans les cœurs, gage de la construction d’une paix durable dans le pays.
- Faire circuler les informations. utiliser les médias (presse audio visuelle, écrite, en ligne et tout autre moyen de communications). L’émission La Voix de l’Evangile devrait aussi servir pour sensibiliser. Il serait intéressant que l’Archidiocèse ait au minimum un site internet et aussi une radio
- Utiliser les écoles catholiques pour éduquer à l’acceptation de l’autre, à la charité et à l’engagement au service du pays.
- Vivre la fidélité au Christ dans les milieux où nous vivons, prêtres comme laîcs.- Décentraliser les structures, en ayant confiance dans les autres pour mieux faire circuler les actions et les informations ;
- Trouver les moyens de sensibilisation (moyens économiques, moyens didactiques : catéchèse…)
Les actions à mener : Dans ce volet, il a été retenu par l’assemblée les points suivants :
- La relance des banques alimentaires (achat des produits pour les revendre moins cher au moment de la soudure ou stockage des récoltes ) à condition d’assurer la rigueur nécessaire ;
- Initier des microprojets (assistance aux paysans) et mise en place de micro-crédits
- Appui nutritionnel aux personnes vivant avec le VIH/SIDA et aux malades dans les hôpitaux, en s’assurant que l’aide est bien utilisée et n’est pas détournée, de même que dans les prisons;
- Les structures paroissiales doivent faire réfléchir ensemble toute la paroisse (mouvements d’action catholique, groupes et CCB) et proposer des pistes d’actions charitables et des moyens d’action à la commission de pastorale sociale, en veillant à ce que les bénéficiaires fassent aussi un effort par eux-mêmes. Profiter spécialement du Carême qui vient pour cela
- Organiser des journées Caritas pour recueillir des fonds
- La rigueur dans la gestion des fonds.
- Les paroisses doivent fournir es efforts pour assister les pauvres de leur zone.
Conclusion : Cette journée a été un signe d’engagement et d’encouragement pour les prêtres pour travailler davantage dans la vigne du Seigneur. Ils en ont été remerciés. Qu’ils en fassent le compte-rendu dans leur paroisse, préparent les laïcs à la rencontre du 22 Janvier et organisent leur commission de pastorale sociale. Ils ont senti le rôle important qu’ils ont à jouer : former le peuple de Dieu à la Doctrine Sociale de l’Eglise, en particulier par la catéchèse et des récollections. La charité est une responsabilité pastorale qui exige au Pasteur de choisir, de sensibiliser et d’aider le laïc à découvrir sa place dans la construction du Royaume de Dieu : Un Royaume ouvert à tous, d’où la nécessité de travailler avec les musulmans. Et de développer la valeur humaine, la compétence technique et scientifique et le travail avec les autres.